Partie 9: Le Jugement de Dieu

Mahazi s’agenouilla devant la lumière divine, les épaules lourdes de culpabilité, tandis qu’Ève, les yeux baignés de larmes, se tenait à ses côtés. Le silence qui suivit la confession de Mahazi sembla durer une éternité. La lumière éclatante qui émanait du Créateur se fit moins intense, et pour un bref instant, Mahazi crut apercevoir une lueur de tristesse dans cette lumière, comme si même Dieu était affecté par ce qui allait suivre.

« Mahazi, » dit le Créateur d’une voix grave et douce à la fois, « tu as commis un acte que tu savais interdit. Ton amour pour Ève n’est pas en lui-même un mal, car l’amour est un don que j’ai offert à l’humanité. Mais tu as pris ce qui ne t’appartenait pas, et dans ta quête pour satisfaire ton propre cœur, tu as causé la douleur et la trahison. »

Mahazi ne put que baisser la tête, incapable de répondre. Ses pensées se bousculaient, cherchant désespérément une justification, une explication qui pourrait atténuer son acte, mais aucune ne venait. Il savait au fond de lui que le Créateur avait raison.

« Ève, » continua Dieu, se tournant vers la première femme, « toi aussi, tu as succombé à la tentation. Après avoir mangé du fruit défendu, tu as déjà ressenti le poids de la désobéissance. Mais en choisissant d’aimer Mahazi en secret, tu as renforcé cette désobéissance par la trahison envers Adam, ton compagnon. »

Ève, submergée par la honte, se pencha vers Mahazi et prit sa main dans la sienne, trouvant un réconfort dans sa présence malgré tout. « Je ne peux renier ce que je ressens, » murmura-t-elle, la voix brisée par l’émotion. « Mais je suis prête à accepter ton jugement, Seigneur, quel qu’il soit. »

Le Créateur se tut un moment, laissant le poids de ses paroles s’imprégner en eux. Puis, dans un geste solennel, il leva une main, et une brume argentée commença à envelopper le Jardin d’Éden. « Le temps de l’innocence est révolu, » déclara-t-il. « Vous serez chassés de ce Jardin, car vous avez goûté à la connaissance et vous avez violé l’ordre de la création. Mahazi, toi qui viens d’un autre temps, tu retourneras à l’époque d’où tu es venu. Mais la mémoire de ce que tu as vécu ici sera effacée, et tu ne te souviendras plus de cet amour interdit. »

Mahazi sentit une vague de désespoir l’envahir. L’idée de perdre Ève, de perdre le souvenir même de leur amour, était plus douloureuse que tout ce qu’il avait jamais ressenti. « Non ! S’il te plaît, Seigneur, je t’en supplie ! » cria-t-il, les larmes aux yeux. « Ne m’enlève pas cela. Même si je dois partir, laisse-moi au moins garder le souvenir d’elle. »

Mais la décision du Créateur était irrévocable. « Il n’y a pas de place pour cet amour dans le monde que tu dois rejoindre, » dit-il d’une voix qui ne laissait place à aucune contestation. « Il est trop dangereux, trop déstabilisant pour l’équilibre des temps. »

Le vent se leva, et la brume argentée devint plus épaisse, entourant Mahazi et Ève dans une étreinte glacée. Mahazi sentit son corps commencer à se dissoudre dans la brume, comme s’il se transformait en un être de pure énergie. « Je t’aime, Ève, » murmura-t-il, ses mots se perdant dans le vent. « Je ne t’oublierai jamais, même si je le devais. »

Ève serra la main de Mahazi une dernière fois avant qu’il ne disparaisse complètement dans la brume. Elle ressentit une douleur aiguë dans son cœur, un vide immense qu’elle savait ne jamais pouvoir combler.

Partie 10: Le Retour et l’Oubli

Quand Mahazi rouvrit les yeux, il se retrouva allongé sur le sol d’une forêt dense, les bruits familiers de la nature environnante le ramenant progressivement à la réalité. Il était de retour dans son époque, en 2027, dans une région qui ressemblait étrangement à celle du Congo où il avait commencé son voyage. Mais quelque chose était différent.

Mahazi se releva lentement, l’esprit confus. Il avait l’impression de sortir d’un rêve long et complexe, dont les détails s’échappaient de sa mémoire comme du sable entre ses doigts. Il se souvenait d’avoir voyagé à travers le temps, d’avoir vu des choses incroyables… mais les images étaient floues, les visages indistincts. Il y avait une femme, une femme d’une beauté inimaginable, qu’il avait aimée, mais son nom, son visage, tout s’échappait de sa mémoire, le laissant avec un sentiment de perte inexplicable.

Il se mit en marche, encore troublé par ce qu’il ne pouvait se rappeler. Chaque pas semblait le ramener un peu plus dans la réalité de son temps, mais aussi l’éloigner de quelque chose de précieux, de fondamental, qu’il avait laissé derrière lui.

À des milliers de kilomètres et des millénaires de là, dans un Éden maintenant scellé aux humains, Ève se tenait seule, les souvenirs de Mahazi gravés dans son cœur. Elle savait que la vie continuerait, que la prophétie de la chute allait se dérouler comme prévu. Mais quelque part, dans les tréfonds de son âme, elle chérissait la mémoire de cet amour interdit, un amour que même le Créateur n’avait pas réussi à effacer entièrement.

Mahazi, lui, continua sa vie dans le futur, ignorant les bribes d’un passé qui aurait pu changer le cours de l’histoire. Pourtant, parfois, lorsqu’il fermait les yeux, il croyait entendre une voix douce, celle d’une femme qu’il ne pouvait nommer, mais dont la présence le réchauffait dans les moments de solitude.

Et ainsi, l’histoire de Mahazi et d’Ève devint une légende oubliée, un rêve perdu dans les brumes du temps, un amour qui avait transcendé les époques, mais qui devait rester à jamais dans les ombres de l’histoire humaine.

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