Nord-Kivu : Le contrôle du coltan par le M23 rapporte 300 000 dollars mensuels

Nord-Kivu, RDC – Le contrôle du groupe rebelle M23 sur la production de coltan dans les territoires de Masisi et Rutshuru continue de susciter de vives préoccupations sur le plan international. Lors de sa dernière intervention au Conseil de sécurité des Nations Unies, Bintou Keita, la cheffe de la MONUSCO, a souligné que cette mainmise permet au M23 de générer environ 300 000 dollars par mois grâce à l’exploitation du tantale, un métal crucial pour l’industrie technologique mondiale.

Le coltan (colombite-tantalite), extrait notamment dans la région de Rubaya, représente une ressource stratégique pour la fabrication de condensateurs électroniques, utilisés dans les smartphones et autres appareils. Selon Keita, cette activité illicite alimente non seulement les groupes armés locaux, mais elle perpétue également l’exploitation des populations civiles. Certaines d’entre elles, dans ces zones de conflit, subissent des conditions assimilables à une forme d’esclavage moderne.

Face à cette situation, la MONUSCO appelle à l’adoption de sanctions internationales contre les acteurs impliqués dans ce trafic. Keita insiste sur la nécessité d’une meilleure gouvernance des ressources naturelles de la RDC, en particulier dans la région de l’Est, en vue d’améliorer la transparence et de lutter contre les flux financiers illégaux qui alimentent les conflits armés.

Position du gouvernement congolais

Le président congolais Félix Tshisekedi a récemment réitéré ses accusations contre le Rwanda, qu’il accuse de soutenir le M23. Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, il a qualifié le M23 de groupe terroriste et a dénoncé l’occupation de certaines régions de l’Est de la RDC, où la situation humanitaire est particulièrement dramatique, avec près de 7 millions de déplacés internes.

Tshisekedi a appelé la communauté internationale à prendre des mesures fortes, notamment des sanctions ciblées contre le Rwanda, tout en insistant sur la nécessité de poursuivre les initiatives diplomatiques comme les pourparlers de Luanda. Par ailleurs, le gouvernement congolais travaille à la mise en œuvre du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (PDDRCS) pour faciliter la réintégration des combattants et la restauration de la paix dans les zones touchées par les conflits.

Un appel à l’action pour l’avenir

La communauté internationale et les acteurs régionaux sont appelés à redoubler d’efforts pour stopper l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC et à soutenir des initiatives de gouvernance qui promeuvent la traçabilité des flux miniers. L’issue de cette crise dépend en grande partie des réponses globales face aux réseaux criminels qui profitent de la fragilité de la région. Sans mesures concrètes, la paix restera difficilement atteignable.

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